Une histoire est faite pour être contée.

D’une taille tout à fait respectable pour une femme, son haut mètre soixante-dix lui permet de surplomber la plupart des hommes et femmes qu’elle reçoit pour affaires. Son allure générale inspire le respect, puisqu’elle est toujours vêtue de manière élégante et droite, le visage impassible orné d’un fin sourire visible seulement pour détendre ses interlocuteurs. Ses longs cheveux noirs, toujours tirés à quatre épingles et impeccablement coiffé, assure encore cette présence forte mais calme qu’inspire Dayara. Très attentive à l’image qu’elle renvoie, elle fera toujours très attention à ce que rien de sa vie privée ne soit aperçu, s’entourant des meilleurs agents pour assurer sa sécurité et son intégrité, elle ne montre que ce qu’elle veut bien que l’on voit d’elle. Ce qui expliquera donc pourquoi elle n’hésite pas à se montrer à toutes occasions, que ce soit pour un enterrement, ou bien une soirée mondaine fêtant l’arrivée d’un nouvel héritier.

Calme et observatrice, elle contrôle parfaitement l’apparition de ses émotions sur son visage. Elle a su affiner son esprit pour le rendre plus vif et plus efficace, s’offrant ainsi un moyen rapide de trouver de quoi faire pression sur les rares personnes qui lui refuse ce qu’elle demande. Impatiente, elle exige que les tâches demandées soient effectuées en temps et en heures, refusant tout type de retard et d’excuses, et c’est aussi cette exigence à toute épreuve qui fait d’elle une dirigeante respectée et crainte en dehors du domaine et dans ses environs. Les seules personnes qui ont droit à sa clémence sont rares, pour la plupart appartenant au cercle fermée de la famille proche. Bien entendu, elle est heureuse de pouvoir passer du temps avec ses anges de temps à autres, leur offrant souvent du temps pour eux, pour se reposer et passer quelques jours avec leur propre famille. Elle ne remettra jamais en cause leur loyauté et leur dur travail, les respectant autant qu’ils la respectent.

Tu ouvres les yeux au monde pour la première fois, apercevant à travers ton regard embué de nouveau-né les contours du visage de la femme qui vient courageusement de se battre pour toi. C’est tout un univers incroyable qui vient de te faire une place, de t’offrir la chance de grandir ici et d’y vivre une vie paisible.
Trop rapidement pour toi, tu te vois contrainte de te plier à certaines règles qui ne te plaisent guère. Mais que ne ferais-tu pas pour cette chère mère que tu idolâtres tant. Tu t’y plies alors avec sérieux, essayant de lui montrer tout ce travail que tu fais juste pour elle, espérant qu’enfin elle te regardes autrement que comme cette petite boule de nerf qui l’empêche de penser et se reposer. C’est donc heureuse et avec toute l’énergie que tu ne sais pas encore maîtriser que tu te rends chez des amis de tes parents avec ta gouvernante, cette femme aux sourires doux qui te rassure quand tu as peur la nuit. Tu te plais à jouer avec leur garçon, même s’il est un peu trop petit pour comprendre ce que lui réserve la vie.
Mais bien vite, l’âge se rappelle à toi, ta mère te regarde enfin, mais pas comme tu aimerais qu’elle le fasse. Elle espère tant de toi, et tu veux tant lui donner, si bien qu’aucune des deux ne pleure quand ton père, parti un peu trop tôt à cause d’un bête accident ménager, vous laisse tous les trois, avec ton petit frère encore pauvre bébé sur les bras.
Alors pour lui plaire, lui montrer que tu es forte, que tu es la fille qu’elle a toujours rêvé d’avoir, tu t’acharnes encore plus à apprendre les rudiments de la direction. Tu commences à la suivre un peu partout dès qu’elle met un pied hors de la maison pour affaires, observant en silence ses interlocuteurs, mais sans jamais te permettre de la prévenir de quoi que ce soit. Ta confiance en elle sans failles.
Et bientôt, c’est à toi qu’elle confie certaines des affaires les plus mineures. Travail que tu effectues avec plaisir et efficacité, ce qui lui plaît énormément. Bien sur, petit à petit, tu commences à vouloir plus. Et bientôt, pour ne plus y penser, tu te plonges dans une relation fiévreuse et passionnelle avec Charlie, ce beau blond qui a su te faire rire alors que la maladie annoncée de ton idole te plongeait dans la tristesse.
C’est donc âgée de trente ans que tu prends enfin les rênes de la famille, reprenant le flambeau derrière cette mère fabuleuse qui avait su te montrer le plus beau dans le monde et t’apprendre à le révéler chez chacun. Ce départ fut pourtant parsemé d’embûches, d’accusations infondées contre ta famille, et cette femme forte mais disparue qui avait su gérer la maison d’une main de fer.
Pourtant, cinq ans plus tard, c’est avec ton petit soleil, que tu gardes avec toi le plus de temps possible quand la famille ne te prends pas tout ton temps, que tu t’épanouis. Malgré les difficultés pour enfin le voir pointer le bout de son nez, le bonheur et la joie qui te remplit dès que tu l’entends suffit à te donner une raison de redorer l’honneur bafoué de cette maison qui a su t’apporter le meilleur. Et ce, sans compter la loyauté encore plus forte aujourd’hui qu’avant de ces anges, avec qui tu aimes tant converser de longues heures autour d’un thé vert aux fleurs de jasmin.